IQALUKTUUTIAQ
Cambridge Bay, Canada
Changements climatiques
FIGURE CC-01. Nuna du water lake à Cambrisge Bay
Les changements climatiques sont inévitables et dangereusement difficiles à vivre pour les communautés nordiques qui sont plus impactées que le reste du Canada par ceux-ci. Non seulement ces nouveaux défis sont destabilisant, ils posent également des obsacles au mode de vie inuit qui repose sur la perénnité du Nuna. Ce territoire étant mis à l'épreuve par des changements structurants de la glaciation, du sol et de la diversité ne permettera plus aux Inuits de vivre leur culture de la même façon. Les changements climatiques menacent l'indépendence et l'autosiffisance des collectivités du Nunavut comme Cambridge Bay.
Réchauffement des températures de surface
La hausse des températures saisonnières commence déjà à se faire ressentir au Canada et un peu partout autour du globe. Bien que ces augmentations continuent d’évoluer, elles sont particulièrement marquées dans les régions de l’arctique. En effet, les différentiels de températures observés à ce jour dans les régions nordiques bondissent à un rythme beaucoup plus rapide. Généralement, au Nunavut, on dénombre une augmentation deux fois plus importante qu’aux latitudes plus basses. Des modèles mathématiques prévoient qu’un bond de 9oC sera observé d’ici 2050, alors qu’on prévoit une augmentation de 3 à 7oC pour le reste du Canada. (Warren et Lemmen, 2014). De façon générale, les tendances de réchauffement sont moins critiques en automne et en été. À l’inverse, les températures changeantes les plus drastiques à travers le Canada s’observent dans l’arctique à l’hiver.
L’amplification arctique est un phénomène qui explique le taux accéléré de réchauffement observé en région nordique par rapport au reste du monde. Cette problématique est liée entre autres à la fonte de la glace marine ainsi qu’à la diminution du couvert de neige. Le sol découvert de la toundra et les eaux foncées de surface ont une absorption beaucoup plus importante de la chaleur solaire que la neige réfléchissante .
Il est important de préciser que même si l’augmentation de la température globale est stabilisée à 2oC, comme le suggère l’accord de Paris, les territoires nordiques subiront les conséquences de ces changements pour au moins 30 ans (ITK, 2019).
Changements de température projetés selon le scénario le plus rigoureux
Printemps
Été
Automne
Hiver
FIGURE CC-02. Warren et Lemmen, 2014
Météo et précipitations
Les régions de l’arctique vont continuer de vivre une augmentation des précipitations comme il est déjà observé depuis la moitié du 20e siècle (Prowse et coll., 2009). Un autre facteur intéressant par rapport aux précipitations c’est qu’elles deviennent de plus en plus variables d’une année à l’autre. Depuis toujours, le Nord est dominé par des masses d’air froid en hiver, or, depuis quelques années, le changement de courant-jet introduit progressivement une convection d’air chaud à la saison hivernale (Wang, 2006). Ce phénomène peut provoquer des précipitations atypiques telles que des pluies verglaçantes, des brouillards ou des dégels. L’imprévisibilité de celles-ci cause un grand problème pour les communautés inuites qui ont de plus en plus de difficulté à prévoir leur déplacement en ville ou sur le Nuna. (Palko et Lemmen, 2017)
Ces observations se projetteront également dans l’avenir et continueront de grandir. Particulièrement marqué en automne et en hiver, ce balancier climatique prévoit atteindre une augmentation des précipitations allant jusqu’à 25% d’ici 2050 dans certaines parties centrales de l’Arctique. Comme la figure ci-dessous le démontre, Cambridge Bay sera gravement touché par ces modifications, mais pas autant que certaines régions plus au nord (Bush et coll.et coll., 2014). (Palko et Lemmen, 2017).
De plus, la fonte des glaces de surface au nord créera des zones d’eau libre, ce qui entrainera des tempêtes riveraines plus intenses. Plus la glace marine sera en diminution, et plus ces tempêtes cycloniques augmenteront en vigueur et en fréquence (Warren et Lemmen, 2014).
Ces nouvelles variations climatiques entrainent un problème certain au niveau de la transmission des savoirs inuit qui vont progressivement devenir inconnus. La lecture du terrain et des éléments qui la composent deviendra de plus en plus difficile par sa nouvelle nature changeante.
Changements de précipitations projetés selon le scénario le plus rigoureux
Printemps
Été
Automne
Hiver
FIGURE CC-03. Warren et Lemmen, 2014
Faune et flore
Les espèces qui habitent à l’heure actuelle l'Arctique verront des changements dans leurs habitats, les changements seront notamment observée par l'apparition de nouvelles plantes, une diminution de la couverture de glace, une évolution du régime nival de même qu'une modification de la salinité de l'océan et une augmentation de son acidité. Tous ces changements peuvent et risque fort probablement d’influencer le nombre d'espèces et leur distribution. (Changements climatiques au Nunavut, 2022).
Dans le futur, si les changements climatiques persistent, la biodiversité faunique et floristique va tendre à augmenter. Sur une échelle de longue durée, les températures à la hausse vont apporter avec elles plusieurs espèces qui n’avaient pas accès au territoire en raison du climat extrême de la région. Les espèces qui occupent à l’heure actuelle des aires de répartitions plus chaudes et plus au sud, vont migrer vers le nord avec les températures et les conditions plus favorables.
FIGURE CC-04. Provencher, 2022.
FIGURE CC-05. Encyclopédie canadienne.
L’apparition de ces nouvelles espèces floristique et faunique pourrait sembler bénignes et même favorable d’un point de vue biologique, parce que le territoire deviendrait grossièrement plus riche en termes d’individus. Malgré tout ce changement ne serais pas sans risques pour les espèces indigènes (native de l’écosystème).
Sur un milieu donné, l’espèce indigène et la nouvelle espèce que l’on pourrait qualifier d’envahissante (introduite dans l’écosystème), vont compétitionner pour les ressources du milieu. La compétition, se fera uniquement au détriment de l’espèce indigène. Cette relation est expliquée par le fait que l’espèce indigène utilisait la totalité des ressources disponible et que dorénavant, les ressources vont être partagé entre les compétiteurs.
Ces phénomènes s’appliqueraient facilement à plusieurs poissons qui verraient leur domaine vital réduits. L’omble Chevalier et l’omble de l’arctique en sont de bons exemples. Peu habitueé à la compétition, l’introduction de nouveau individus pourrait venir aggraver le statut de l’espèce. L’omble est déjà sous le statut de susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables. La disparition de l’espèce dans plusieurs lacs du sud du Québec au cours du dernier siècle a mené à ce verdict (MFFP, 2022) et est un potentiel avant-gout de l’impact des changements climatiques sur la faune et flore du Grand Nord.
Niveau de la mer
Lorsqu’on analyse l’élévation du niveau de la mer, il est important de faire la différence entre le niveau absolu et le niveau relatif. Bien que le niveau de la mer ait une tendance marquée à vouloir monter, le mouvement vertical du territoire peut venir à contrebalancer ce facteur. En l’occurrence, ce phénomène, connu sous le nom de mouvements isostatiques, se produit de façon plus prononcée en région nordique au Canada (Warren et Lemmen, 2014).
Ces données expliquent pourquoi la projection de montée du niveau de la mer dans l’Arctique canadien serait deux fois moins pire que sur le reste du globe. Dans la région ouest de l’île Victoria, à l’endroit où se situe Cambridge Bay, le mouvement vertical du sol est estimé à environ 2 mm par année. Comme la montre la figure CC-06 , à l’extérieur des lignes de délimitation, le territoire serait en chute, alors que la plupart du reste du Canada suit un modèle inverse.
Soulèvement isostatique du sol
FIGURE CC-06. Calihoo et Romaine, 2010.
Pergélisol
À Cambridge Bay en particulier, le pergélisol reste gelé à longueur d’année, et la couche supérieure du sol, d’environ 1m d’épaisseur, varie selon les saisons. Mais depuis les trente dernières années, un dégel progressif du sol est observé de façon plutôt stable (Warren et Lemmen, 2014).
Des ice wedges se forment sous la couche active du sol, ce qui crée des infiltrations dans le pergélisol aux saisons plus chaudes. À l’hiver, ces infiltrations gèlent dans le pergélisol. Cette alternance continue de gel et de dégel vient ultimement impacter la capacité portante du sol et sa composition en général.
La formation de mares de surface qui se retrouvent un peu partout sur le territoire de la ville est particulièrement détrimentaire à la pérennité du pergélisol nordique, car comme il a été mentionné, les infiltrations sont déstabilisantes pour ce type de sol. De plus, un cycle s’installe lorsque ce phénomène se produit : les infiltrations font bouger le sol, ce qui change les pentes de drainage, et finalement, l’eau, incapable de se rediriger efficacement, s’introduit de plus belle dans le sol (Calihoo et Romaine).
FIGURE CC-08. Calihoo et Romaine, 2010.
État de la glaciation
Le réchauffement climatique entraine des répercussions à tous les niveaux de la cryosphère qui deviennent progressivement pires d’année en année. Dans les régions nordiques, ces changements s’observent particulièrement dans l’état de la glaciation ainsi que la couverture de neige. Dans les dernières décennies, la surface de couverture a beaucoup diminué, ce qui fait en sorte que ce couvert est beaucoup plus éphémère. En effet, le nombre de jours où la neige recouvre la toundra baisse de plus en plus. Pour ce qui est des glaciers et des calottes glaciaires, on remarque une perte de volume marqué depuis au moins 2005. On entend souvent parler de la fonte des glaces au nord comme un enjeu principal du réchauffement climatique avec raison. Cette réserve d’eau douce en perdition laissera de plus en plus de place aux courants marins. Lorsque la couverture glaciale est complète, les côtes nordiques sont protégées de ces potentielles vagues et courants. Quand la glaciation n’est pas complète et que les éléments sont mobiles à la surface de l’eau, le vent et les courants peuvent causer des collisions de marées et des courants différentiels. Ces facteurs rendent, non seulement les déplacements dans la baie plus difficile, mais mettent également les communautés riveraines plus à risque face à certaines tempêtes (Palko et Lemmen, 2017). De plus, cette fonte hâtive de la banquise est extrêmement nocive pour les activités traditionnelles pratiquées par les Inuits. La fonte de la glace marine entrainerait des répercussions dévastatrices sur le bien-être et la santé de l’Inuit Nunangat (CCI, 2017).
Toutefois, la collectivité de Cambridge Bay se positionne dans un environnement favorable à l’évitement de tels chocs de rive. La forme protectrice de la baie permet de casser les courants dangereux et les ondes de tempêtes. La composition en gravier de la côte la protège également de l’érosion. Toutefois, les terres plus à l’ouest, au sud de l’aéroport sont plus à risque de telles problématiques considérant qu’elles sortent du cadre protecteur géographique mentionné (Calihoo et Romaine, 2014).