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Cadre théorique urbain 
Bentley & al. - Responsive Environments

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FIGURE CTU--01.Canada Goose, 2019  

L'analyse théorique qui suit porte sur les qualités urbaines développées par Bentley et al. (1985) permettant de définir un environnement sensible et adapté, soit une échelle plus humaine. Les concepts de perméabilité, variété, lisibilité et personnalisation sont ainsi étudiés et appliqués au village de Cambridge Bay pour une meilleure compréhension du cadre bâti urbain.

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© Trisha Brown (2022)

La perméabilité

FIGURE CTU-02. Florence Durocher, 2022.

Selon Bentley:

La perméabilité d’un lieu se définit par ses qualités d’aménagement, qui offrent aux usagers des choix quant aux déplacements à effectuer. Un lieu perméable se qualifie par ses différentes routes et alternatives qui permettent de se rendre d’un lieu à un autre. Cette qualité urbaine est donc physique, se traduisant entre autres par les routes d’une ville, ainsi que visuelles, puisque la visibilité des choix qui s’offrent aux usagers du lieu vont influencer conséquemment les décisions que ceux-ci vont prendre. La perméabilité peut ainsi être évaluée selon l’aménagement de l’îlot, permettant de délimiter les espaces publics et les espaces privés.

Dans l’étude de Cambridge Bay :

Il est possible d’observer la qualité de perméabilité à différentes échelles de déplacement, soit à l’échelle territoriale, à l’échelle du village ainsi qu’à l’échelle de l’ilot. De ce fait, à l’échelle de la nuna, les déplacements s’effectuent selon les routes traditionnelles qui sont enseignées/apprises de génération en génération, dans le but de se rendre sur des lieux traditionnels et de pratiquer des activités culturelles telles que la chasse ou la pêche (The Municipality of Cambridge Bay, NA). C’est surtout à l’échelle territoriale que les changements climatiques actuels exercent une influence, notamment sur les repères géographiques de la communauté, qui se voit déstabilisée par l’imprévisibilité et l’intensité des conditions climatiques (Calihoo et Romaine, 2010). 

À l’échelle du village, il est possible d’observer des routes plus formelles qui sont empruntées par la voiture, notamment les routes séparant les îlots ainsi que la route principale menant à l’aéroport qui est très sollicitée. À l’inverse, à l’échelle de l’îlot, des parcours informels se dessinent entre les constructions, créés par les motoneiges, le principal moyen de déplacement utilisé par les habitants de Cambridge Bay durant la période hivernale, ou les déplacements à pied. Toutefois, il semble que les déplacements à pied ne sont pas priorisés par les habitants, probablement en raison des conditions climatiques hivernales et par la facilité que peut offrir les autres moyens de transport. À cette échelle humaine de déplacement spécifiquement, la notion des espaces publics et privés se fait ressentir, notamment dans les îlots résidentiels qui offrent des espaces à l’avant et à l’arrière des habitations. Ainsi, malgré la formalisation des déplacements au-delà et à travers le village de Cambridge Bay, il est possible de constater que la qualité de perméabilité du village est définie par une certaine liberté des usagers à se déplacer d’un lieu à un autre. 

D'ailleurs, l’analyse morphogénèse du village actuel permet d’observer une différence dans la perméabilité des déplacements, soit entre la construction des premiers bâtiments et les agrandissements successifs. En effet, les premières constructions révèlent d’un aménagement plus organique et naturel, tandis que les constructions qui ont suivis sont plutôt aménagées selon une logique plus formelle et organisée.

© Trisha Brown (2022).

Analyse de la perméabilité de Cambridge Bay

La variété

Selon Bentley:

La notion de variété se caractérise dans la variété d’usages, d’individus, de significations et de formes. Ainsi, la variété d’un lieu se définit par les différentes expériences que ce dernier peut offrir, notamment en ce qui concerne les usages, les activités et les ambiances. La variété en tant que qualité d’un lieu s’explore à travers la variété d’usages, dans le but de maximiser l’expérience et d’offrir le plus de choix possible à une variété d’usagers. La qualité de variété d’un environnement est donc intimement liée à la qualité de perméabilité, du fait que la variété d’usages offerte doit être accessible facilement.

FIGURE CTU-04. Secrétariat du changement climatique du Nunavut, date inconnue. 

Dans l’étude de Cambridge Bay :

Le village d’Iqaluktuutiaq, isolé dans la baie de Cambridge sur l’île Victoria, offre une certaine variété d’usages dans le but essentiellement de répondre aux besoins de ses habitants. De ce fait, le village pourrait se qualifier d’autosuffisant pendant une grande période de l’année en raison des conditions climatiques sévères qui ne permettent pas toujours aux avions et aux bateaux de transporter les ressources au village (Mussels, 2018). Il est possible de remarquer quant aux usages actuels du village qu’en son centre se retrouvent les services publics, communautaires et commerciaux, tandis qu’au pourtour de cette zone centrale se retrouvent les secteurs davantage résidentiels. Certains secteurs légèrement éloignés du centre du village sont également réservés à des usages industriels, institutionnels ainsi que des usages reliés aux transports. Enfin, il est important de noter que les usages naturels du lieu tels que les rives et le territoire, la nuna, sont d’une grande importance pour la communauté, qui témoigne de leur culture qui est sensible à l’environnement. Une diversité d’usages figure ainsi dans le village, complémentée par des espaces publics rassembleurs. Ces espaces publics extérieurs sont les rives en bordure de la baie et la zone à l’est du village près de l’Église anglicane. Les espaces publics intérieurs sont, quant à eux, le magasin général Ikaluktutiak Co-op, l’hôtel de ville, l’école secondaire Kiilinik dans laquelle se retrouve un musée ainsi que le conseil des aînés (Mussels, 2018). Quant à la demande du village, celle-ci est reliée à la croissance démographique, donc les visions de développement du village sont surtout orientées sur des usages résidentiels.

© Trisha Brown (2022)

Analyse de la variété de Cambridge Bay

La lisibilité

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FIGURE CTU-08. Florence Durocher, 2022  

Selon Bentley:

La qualité de lisibilité d’un environnement se définit par la compréhension des usagers quant à la spatialité, la perception, la stimulation sensorielle, la signification et l’esthétique de ce lieu. Ces éléments, entre autres visuels, composent et structurent le milieu urbain. En effet, il existe deux niveaux de lisibilité selon Bentley permettant à l’usager de comprendre l’aménagement d’un lieu, soit la forme physique, basée en partie sur l’aspect visuel de ce lieu, ainsi que les modèles d’utilisations, dont les fonctions peuvent être déduites sans nécessairement s’attarder à l’esthétique du lieu. D’ailleurs, certains éléments clés physiques tels que les voies, les limites, les nœuds, les secteurs et les points de repère, soit les caractéristiques définies par l’urbaniste Lynch, permettent de mieux évaluer la lisibilité d’un lieu (Lynch, 1975).

Dans l’étude de Cambridge Bay :

À Cambridge Bay, il est possible de comprendre que l’aménagement du village a été réfléchi en relation à la topographie et l’eau, les limites naturelles du lieu. Les voies ont donc été définies dans le but d’offrir des accès à la baie, dont certaines sont reconnues telles des routes d’accès traditionnelles. Les routes principales du village sont lisibles par leur forme physique, c’est-à-dire par la largeur qu’elles occupent, ainsi que par la visibilité du réseau d’infrastructures électrique qui s’affiche dans le paysage et qui agit en tant que barrière. Quant aux nœuds du village, ceux-ci se retrouvent dans la zone centrale où se concentrent notamment les édifices publics, communautaires et commerciaux, qui se démarquent du langage architectural résidentiel. En périphérie de cette zone centrale se retrouvent les quartiers résidentiels ainsi que les quartiers plus fonctionnels, soit industriels et institutionnels, délimités entre autres par les infrastructures. Finalement, les points de repère bâtis du village sont l’église en pierre de l’autre côté de la rive, soit un repère surtout historique de la communauté, le quai d’embarcation au sud du village ainsi que l’aéroport, constituant la porte d’entrée et de sortie du village (The Municipality of Cambridge Bay, NA). D’un point de vue plus culturel, la baie ainsi que les paysages constituent des points de repère importants pour la communauté.

© Trisha Brown (2022)

Analyse de la lisibilité de Cambridge Bay

La personnalisation

Selon Bentley:

La qualité de personnalisation d’un lieu s’exprime par l’appropriation, entre autres physique, que ses usagers font de ce lieu. Celle-ci devient particulièrement importante dans l’optique d’offrir des lieux significatifs, empreints de valeurs et porteurs de sens aux usagers. Cette qualité est applicable, d’une part, dans le but d’améliorer les infrastructures existantes et, d’autre part, dans le but de changer l’image du lieu. De ce fait, la personnalisation, contrainte par le mode d’occupation, la typologie de bâtiment et la technologie, permet de donner un indice sur les fonctions et les valeurs d’un lieu.

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FIGURE CTU-11. Amin Tabatabaeifard, 2022  

Dans le cas de Cambridge Bay:

La communauté de Cambridge Bay possède une identité culturelle qui lui est propre et qui est d’une importance pour cette dernière. Il est d’ailleurs possible de remarquer une certaine personnalisation des espaces par ses habitants, notamment dans les espaces extérieurs, autant privés que publics. En effet, une tendance se fait remarquer dans laquelle les habitants s’approprient les espaces extérieurs attenants à leurs résidences. Il en est également le cas pour les espaces naturels, soit les espaces publics, tels que les rives de la baie, notamment par la mise en place d'équipements. Toutefois, très peu d’intervention en relation avec la personnalisation est observée quant au cadre bâti, c’est-à-dire que la communauté personnalise plus ou moins leurs habitations de même que les édifices publics, sauf dans quelques exceptions.

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FIGURE CTU-12. Google (2012)  

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